Double circulation monétaire : la BRH met en garde contre les risques de la dollarisation
La Banque de la République d’Haïti (BRH) a publié en ce mois d’octobre 2025 un doc d’info intitulé « Double circulation monétaire : identification des risques » sur la problématique de la dollarisation de l’économie haïtienne. Il s’agit d’un phénomène devenu central depuis un sure temps, à savoir l’utilization simultané de la gourde et du greenback américain dans les transactions économiques du pays.
La double circulation monétaire se définit comme une state of affairs où deux monnaies circulent dans une même économie et assument les mêmes rôles : unité de compte, intermédiaire d’échange ou réserve de valeur. Selon la BRH, ce phénomène survient généralement dans les économies fragiles, ouvertes ou soumises à de longues périodes d’instabilité macroéconomique, lorsque la volatilité de la monnaie nationale pousse les acteurs à privilégier une devise étrangère plus secure.
La coexistence de plusieurs monnaies peut résulter de plusieurs facteurs, avance le doc. L’instabilité socio-politique récurrente entraîne une fluctuation des prix et une perte de confiance dans la monnaie locale. La development rapide de l’inflation ou du taux de change réduit l’attractivité de la gourde par rapport aux monnaies étrangères. Une économie fortement intégrée commercialement et financièrement, en lien étroit avec les marchés internationaux, peut également encourager l’utilisation accrue de devises étrangères. Les montants significatifs de transferts sans contrepartie reçus par les bénéficiaires renforcent la disponibilité du greenback dans l’économie, favorisant ainsi les importations dans un contexte où la manufacturing nationale répond faiblement à la demande. De plus, certaines décisions légales ou monétaires autorisant l’utilization du greenback ont contribué à institutionnaliser cet utilization parallèle.
Toujours selon la Banque centrale, dans le cas d’Haïti, l’utilisation croissante du greenback américain est liée à l’abandon de la parité fixe de cinq gourdes pour un greenback, en vigueur de 1919 à 1990. Après une dépréciation proceed mais modérée de la gourde entre 1982 et 1991, et face à des perturbations sur le marché des modifications, le gouvernement haïtien a adopté un régime de change versatile et autorisé, à partir du 18 janvier 1990, les banques commerciales à accepter des dépôts en {dollars} américains. Cette décision a ouvert la voie à une dollarisation croissante de l’économie.
Depuis plus de trois décennies, le pays subit une succession de chocs externes crise financière de 2008, pandémie de Covid-19 associés à des troubles socio-politiques et à des catastrophes naturelles et climatiques telles que séismes, ouragans et tempêtes tropicales. Ces éléments ont fragilisé la valeur interne et externe de la gourde et entraîné une perte proceed de confiance des brokers économiques dans la monnaie nationale.
La BRH souligne que la dollarisation constitue un facteur structurel pesant lourdement sur la politique monétaire et la stabilité macroéconomique. Elle limite l’efficacité des décisions de politique monétaire, rend difficile le ciblage des agrégats monétaires pour contenir l’inflation, augmente les risques pesant sur la stabilité financière et réduit les revenus de seigneuriage de la Banque centrale. Elle s’impose ainsi comme une contrainte majeure à l’atteinte des objectifs économiques nationaux.
La Banque centrale précise avoir déjà adopté plusieurs mesures afin de limiter la development de la dollarisation, notamment la facturation des cartes de crédit exclusivement en gourdes et l’interdiction des prêts à la consommation libellés en {dollars} américains. Si ces décisions ont contribué à ralentir la dollarisation du crédit, la dollarisation des dépôts demeure plus difficile à contenir, malgré les incitations offertes en faveur des investissements en gourdes à travers, entre autres, les obligations BRH.
La maîtrise progressive de ce phénomène exigera des politiques monétaires cohérentes et une gestion rigoureuse des funds publiques afin d’assurer une stabilité sturdy des prix, affirme la BRH. Elle supposera également un approfondissement des marchés financiers et une modernisation des systèmes de paiement pour réduire la préférence du public pour le greenback et améliorer la gestion de la liquidité. Selon la BRH, la restructuration et la valorisation des secteurs pourvoyeurs de devises étrangères, tels que les filières d’exportation, le tourisme et les transferts sans contrepartie, joueront aussi un rôle déterminant dans la réduction de la dollarisation, ces transferts adoptant un comportement acyclique.
À travers cette publication, la BRH dit tirer également des enseignements des expériences internationales, notamment celles du Vietnam et du Pérou, afin d’éclairer la mise en œuvre de politiques susceptibles de renforcer la confiance dans la gourde. L’objectif demeure clair : restaurer pleinement le rôle de la monnaie nationale au cœur de l’économie et réduire les vulnérabilités associées à la dépendance au greenback américain.
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